Étant journaliste automobile passionné, je peux vous affirmer que Stuttgart représente bien plus qu’une simple destination touristique en Allemagne. Cette ville incarne l’essence même de l’innovation automobile mondiale. Après avoir sillonné ses rues pentues et visité ses musées emblématiques lors de nombreux reportages, j’ai développé une affection particulière pour cette métropole qui a changé le visage de la mobilité moderne. Laissez-moi vous faire découvrir pourquoi cette cité mérite amplement son titre de berceau de l’automobile.
Le berceau historique de l’automobile mondiale
Stuttgart possède une histoire fascinante qui remonte au 10ème siècle. Son nom dérive de « Stutengarten », littéralement « jardin des juments », révélant sa vocation initiale d’élevage équin. Mais c’est véritablement à la fin du 19ème siècle que la ville a forgé son identité automobile.
En 1883, une anecdote savoureuse illustre parfaitement cette révolution naissante. Gottlieb Daimler testait son premier moteur dans le quartier de Bad Canstatt lorsque le bruit inhabituel alerta les voisins. La police, venue enquêter, découvrit l’ingénieur rayonnant devant sa création révolutionnaire. Trois ans plus tard, Carl Benz concevait un moteur quatre temps léger pour équiper un tricycle, considéré aujourd’hui comme la première véritable automobile du monde.
J’ai toujours été fasciné par ces débuts modestes qui ont changé l’histoire de la mobilité. Lors de mes visites techniques dans les installations actuelles, je retrouve l’esprit d’innovation qui animait ces pionniers. La ville a pourtant failli tout perdre pendant la Seconde Guerre mondiale, quand les bombardements alliés l’ont presque entièrement détruite. Sa renaissance grâce au plan Marshall témoigne d’une résilience remarquable.
Aujourd’hui, l’industrie automobile reste le pilier économique de Stuttgart avec:
- Plus de 110 000 emplois directs dans la région
- 45% des revenus industriels totaux
- 64% de la production exportée à l’international
- Des marques prestigieuses comme Mercedes-Benz et Porsche
J’ai pu constater lors de mes nombreux essais que la « sainte trinité allemande » – Volkswagen (propriétaire de Porsche), Mercedes-Benz et BMW – domine le segment premium avec près de 80% du marché mondial. Cette concentration de talents et d’expertise technique dans une seule région reste un phénomène unique au monde.
Musées Mercedes-Benz et Porsche, temples de la passion mécanique
Pour tout passionné d’automobile comme moi, visiter Stuttgart sans analyser ses musées emblématiques serait inconcevable. J’ai eu l’opportunité de les parcourir à plusieurs reprises pour des reportages, et chaque visite révèle de nouveaux détails fascinants sur l’évolution de notre industrie.
Le musée Mercedes-Benz représente une expérience architecturale avant d’être un sanctuaire automobile. Logé dans un bâtiment futuriste conçu par UNStudio et inauguré en 2006, il s’étend sur 9 étages et 16 500 m². La visite commence par le sommet et descend chronologiquement à travers l’histoire. Les 160 véhicules exposés racontent non seulement l’évolution technique, mais aussi les contextes sociétaux qui les ont vus naître.
Ce qui m’impressionne particulièrement, c’est l’honnêteté historique du musée qui n’occulte pas les heures sombres de la collaboration avec le régime nazi. Cette transparence témoigne d’une maturité institutionnelle rare.
Musée | Année d’ouverture | Superficie | Véhicules exposés |
---|---|---|---|
Mercedes-Benz | 2006 | 16 500 m² | 160 |
Porsche | 2009 | 5 600 m² | 80+ |
Le musée Porsche, quant à lui, offre une approche différente mais tout aussi captivante. Ouvert en 2009 dans le quartier de Zuffenhausen, son design avant-gardiste signé Delugan Meissl reflète l’ADN sportif de la marque. Chaque fois que j’y pénètre pour couvrir un événement, le mur interactif retraçant l’histoire de la marque me passionne.
L’élément qui remporte tous les suffrages auprès des visiteurs? Sans doute les compte-tours avec accélérateur permettant d’écouter différents bruits de moteurs. J’ai souvent observé des passionnés fermer les yeux pour s’immerger dans cette symphonie mécanique. Pour les techniciens comme moi, les visites guidées de l’usine Porsche constituent le point culminant de l’expérience stuttgartoise.
Stuttgart, entre passé glorieux et mobilité du futur
Si Stuttgart s’enorgueillit de son passé automobile, la ville et ses constructeurs regardent résolument vers l’avenir. Lors de mes entretiens avec les dirigeants locaux, j’ai pu mesurer l’ampleur des investissements consacrés à la transformation du secteur.
Porsche prévoit d’investir 6 milliards d’euros dans la mobilité électrique, tandis que Mercedes-Benz déploie sa stratégie « CASE » (Connected, Autonomous, Shared, Electric). J’ai eu l’occasion de tester la Taycan, première voiture électrique de Porsche, et son niveau de performance m’a convaincu que la transition électrique n’implique aucun compromis sur le plaisir de conduite.
Au-delà de son industrie, Stuttgart offre un cadre de vie exceptionnel que j’ai appris à apprécier au fil de mes séjours. Surnommée « Kesselstadt » (ville-cuvette), elle s’étage sur des collines offrant des panoramas saisissants. Ses fameux « Stäffele », plus de 600 escaliers caractéristiques, permettent d’accéder à des points de vue imprenables sur la cité et ses 440 hectares de vignobles urbains – une particularité qui en fait la deuxième ville au monde après Vienne pour sa surface viticole intra-muros.
La tour de télévision Fernsehturm, première tour TV du monde construite en 1954-1956, culmine à 217 mètres et constitue un repère visuel constant durant vos déplacements. Lors de mes essais routiers dans la région, elle me sert souvent de point de navigation naturel.
Accessible en train depuis Paris en seulement 4 heures, dotée d’un réseau de transports efficace et d’un centre-ville piétonnier malgré les dénivelés, Stuttgart réussit le pari de conjuguer patrimoine industriel, innovation technologique et qualité de vie. La meilleure période pour la découvrir? Entre mai et septembre, quand le climat ensoleillé permet d’apprécier pleinement ses espaces verts et ses terrasses.